Certain(e)s d’entre vous m’ont très gentiment contactée car cela fait longtemps que je n’ai pas publié d’articles. Alors, je tiens déjà à vous rassurer, Jolies Etoiles continue bien en 2015 et c’est toujours un plaisir d’écrire sur ce blog !
Mais figurez-vous que mon année 2015 a commencé plutôt étrangement et cela n’a pas été simple de reprendre la plume (ou plutôt le clavier de mon ordinateur !) avant aujourd’hui.
Tout d’abord, il y a eu l’effroi de Charlie qui a créé à la fois un raz-de-marée émotionnel, une remise en question totale de la notion de liberté d’expression et puis un certain vent de panique avec des questions comme « faut-il prendre le risque que mes filles rentrent en métro après l’école, vu les possibles attentats », « est-ce que d’autres fous vont attaquer Paris dans la foulée ou pas », etc, etc.
Du coup, je n’ai pas trouvé le bon angle pour vous souhaiter tous mes vœux de bonheur et de santé pour la nouvelle année. Cela semblait déplacé de faire ça en janvier, même si le cœur y était, vous vous en doutez
Puis est arrivé le samedi 24 janvier, jour de ma chute, qui a totalement bouleversé mon espace temps et ma vie quotidienne des 4 prochains mois. Je me baladais tranquillement ce jour-là, mes courses à la main, un sourire sur les lèvres, j’allais rejoindre Papa Piou et Mini-Piou au bout de la rue et…j’ai glissé. Oui, bêtement glissé. Sauf que mon pied droit à voulu faire un bras de fer avec un poteau et bien sûr, il a perdu et s’est retourné. Oups. Aïe. Je ne me suis pas évanouie. Un passant a appelé les pompiers. J’ai réussi à prendre mon téléphone pour prévenir mon mari. Puis tout s’est enchaîné, façon tourbillon. Entre 12h30 et 20h30, je suis partie dans le camion des gentils pompiers aux urgences. Radio. Grosse fracture de la cheville (et la fille de la radio qui a failli s’évanouir en voyant l’état de mon pied). Masque à oxygène avec un gaz hilarant pour qu’un interne puisse remettre mon pied à peu près en place (si, si, c’est possible). Re-radio. Le pied est « vivant ». Ouf. Puis direct en salle d’opération avec anesthésie générale pour remettre les os en place avec une plaque en fer et une vis. A 20h30, j’étais dans ma chambre d’hôpital (dans les vapes) et le lendemain à midi, on me donnait l’autorisation de sortir (sans avoir vu mon chirurgien ni avant ni après l’opération).
Le miracle de la médecine en France: on tombe dans la rue et 12h plus tard, on est réparé, sans même avoir vu par qui. Ils ne m’ont même pas demandé ma carte vitale, juste mon adresse et ma date de naissance. Je suis partie sans rien payer (la facture arrivera dans quelques semaines par la Poste). Waouh. C’est là que je me rends compte de la chance que nous avons de vivre en France.
Mais si je reviens à cette fameuse fracture de la cheville (fracture bimalléolaire, plus précisément), ce n’est pas si simple. Même si j’ai gardé ma bonne humeur légendaire tout le temps car ce n’est finalement pas si grave, cette glissade me vaut 6 semaines de plâtre avec des béquilles puis 2/3 mois de rééducation minimum (avec impossibilité de marcher sans béquilles pendant le premier mois au moins)… Et qui dit béquille, dit « pas de bras ». Je ne peux rien porter. Éventuellement un mini-sac à dos pas trop lourd. Mais en tout cas, je ne peux pas acheter une baguette de pain. Et je ne peux pas emporter le biberon de Mini-Piou jusqu’au four à micro-onde pour lui faire chauffer. Ni mettre les assiettes de mes puces sur la table du dîner. C’est juste dingue de constater comment une cheville peut bloquer un corps en entier.
Alors, ne vous inquiétez pas trop pour moi, il se trouve que j’ai une super jeune fille au pair à la maison (je vous en avais parlé ici; merci la vie !) et grâce à elle, mes filles sont nourries et habillées chaque jour depuis mon accident. Ouf. Sans elle, avec Papa Piou qui travaille 12h par jour, cela aurait été un enfer. Quant aux courses, il y a internet. Ouf aussi.
Et mes filles s’adaptent à leur nouvelle maman-escargot. Je ne peux plus les emmener à l’école comme je le faisais tous les matins. Je ne peux pas acheter le stylo-plume dont Piou a besoin, Papa Piou ira avec elle dès que possible. Je ne peux pas leur donner le bain. Je ne peux pas les accompagner à leurs activités. Je ne peux quasiment rien faire en tant que maman, à part les devoirs et raconter des histoires (c’est déjà ça !). Mes puces grandissent plus vite d’un coup. Elles participent même aux tâches familiales (avant, je crois qu’on peut le dire: je faisais tout ou presque #supermaman). Et Papa-Piou a changé les draps des lits des filles hier pour la première fois en 7 ans. (rires). (mais je vous rassure il fait plein d’autres choses utiles dans la maison !).
Alors, bien sûr, je ne reste pas enfermée chez moi pendant 45 jours. Mais pour sortir, il me faut soit un taxi, soit un ami qui veut bien jouer le rôle de « chauffeur de princesse aux béquilles ». Impossible de prendre un métro ou un bus. Je ne sais pas bien descendre ou monter les escaliers. J’avance à la vitesse d’un escargot. Il ne faut pas que je me fasse mal ailleurs. Du coup, mes seuls déplacements sont pour aller travailler (je ne travaille pas tous les jours). Le reste du temps, je suis allongée avec le plâtre en hauteur, pour éviter que la jambe gonfle. Mais bien sûr. Quelle drôle de vie. Mais dans 1 mois pile, on me retire mon plâtre et on me réapprend à poser le pied par terre et à me servir de ma cheville. Cela va venir vite. Et cela ne sera bientôt qu’un vieux souvenir.
Et alors, pourquoi ce témoignage aujourd’hui ? Pourquoi cette envie de partager cette expérience ? Tout simplement, pour nous rappeler que la vie est précieuse. Pour se rendre compte de la chance que nous avons, pour réaliser à quel point la vie est jolie. Malgré les accidents, malgré les difficultés, malgré les chagrins, malgré les drames, la force de la vie reprend presque toujours le dessus. Le corps se bat, se reconstruit et on continue, on avance. Je trouve ça beau. Et je suis reconnaissante.
Depuis ma chute, je me dis plusieurs choses. Je me dis que ce n’est pas grave du tout (et je pense précisément à des amies proches qui luttent contre des maladies bien plus graves que mes os cassés). Je me dis que je suis tellement heureuse que mes filles, mon mari et moi soyons en bonne santé. Je me dis que peut-être que je courais trop, tout le temps, partout, et que mon corps a dit stop. Je me dis aussi que je découvre une nouvelle perspective de vie, qui bien que très temporaire, va forcément changer la suite. Je me dis que je suis heureuse d’avoir dansé le 31 décembre dernier et aussi pour mon anniversaire début janvier car je ne sais pas si je pourrais danser à nouveau en 2015. Je me dis que je suis tellement chanceuse de ne pas vivre seule, d’avoir une si jolie famille avec tout plein d’amour, mais aussi d’avoir un ascenseur dans mon immeuble (!) ainsi qu’un ordinateur pour commander à manger, sinon cela aurait été impossible à gérer. Je me dis que la vie peut basculer en une seconde et qu’il ne faut jamais l’oublier. Je me dis enfin que tout est possible. C’est une phrase que je me répète chaque jour depuis des années car j’y crois profondément. Et même dans des situations improbables comme cette fracture de la cheville, je pense que cela ne pourra m’apporter que du positif par la suite. Je ne sais pas encore quoi, ni où, ni comment, mais je sais que j’en tirerai du bon.
Et vous ? Est-ce que vous ou vos proches ont vécu des situations d’immobilisations ? Comment cela a-t-il été vécu ?
Merci d’avance pour vos témoignages, c’est toujours un plaisir de vous lire !
4 comments
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e-zabel
9 février 2015 à 18 h 15 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Bon, mon estropiée préférée ? On déjeune quand ?
Célia
9 février 2015 à 19 h 18 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Ahahah, il va falloir que tu viennes manger des sushis chez moi
Vanessa Plume
9 février 2015 à 18 h 27 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
waouh quelle fracture! ça ne doit pas être simple tous les jours…
J’ai personnellement vécu une immobilisation après une opération du genou (avec des complications…) mais heureusement à l’époque je n’avais pas ma petit plume!
Pourtant c’est une situation difficile que d’être immobilisé et se rendre compte que l’on se retrouve vite limité dans tous ces gestes du quotidien qui pourtant semble si facile habituellement! Heureusement, comme vous mon conjoint m’aide énormément (le pauvre a même du m’enfiler les bas de contention… )
Je vous souhaite un très bon rétablissement et prenez soin de vous et de votre famille
natieak
15 février 2015 à 16 h 56 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Bonjour
Et bien quand tu fais les choses tu ne les fais pas à moitié !
Pour tes enfants, raconter des histoires c’est aussi très très bien et puis à cet âge là ils adorent cela.
Bon courage